Historiquement, les civilisations ont toujours voulu découvrir les richesses des cultures étrangères ce qui a favorisé le développement des échanges commerciaux entre elles (cf. La route de la Soie). De plus, « Les Temps Modernes » et les grandes découvertes ont permis aux hommes de développer ces échanges via les voies maritimes. Cet aspect de la mondialisation a pris tout son sens avec la révolution industrielle et la production de masse. Aujourd’hui avec la division du travail internationale (sourcing, production, commercialisation… sur différents continents) les échanges de marchandises se font essentiellement par voies maritimes. Effectivement environ 80% des marchandises transitent via les mers et océans du globe. Ce mode de transport est plébiscité pour sa fiabilité, la sécurité, son prix concurrentiel et le faible impact qu’il a sur l’environnement.
Les principales routes commerciales se concentrent le long des côtes maritimes et utilisent des passages étroits, artificiels ou naturels, pour réduire les distances et donc les délais de livraison. Le trafic présent dans un détroit est synonyme du dynamisme de la région qui l’entoure. Le détroit de Malacca se trouve par exemple sur la route entre les plus grands ports exportateurs d’Asie orientale, le bassin de consommation du Moyen-Orient et surtout Européen. Ainsi son trafic bénéficie de ce dynamisme pour se placer depuis 2008 comme le détroit accueillant le plus grand nombre de passages de navires de commerce.
Sur la route vers l’Europe, depuis n’importe quelle destination, les navires de fret rencontrent un autre détroit : celui du Pas-de-Calais. Un couloir étroit qui permet aux navires l’accès aux plus importants ports de la Northern Range (Rotterdam, Anvers, Hambourg…) qui alimentent le bassin de consommation européen. Même si la fréquentation en nombre de navires marchands a baissé de 9%, entre 2001 et 2014, toutes les 9 minutes un navire entre dans le détroit. Cette baisse de trafic s’explique par le gigantisme naval. En effet, entre 1994 et 2014 les navires sont 1,5 fois plus grands. L’autre cause est aussi la crise financière de 2008 qui a impacté les exportations avec un recul général de 12%, dans l’ensemble des grands passages des routes commerciales, entre 2008 et 2014 (Tableau 1).
Tableau 1 : Evolution de la fréquentation des passages maritimes par les navires de fret
2001-2008 | 2008-2014 | 2001-2014 | |
Malacca | 29% | -5% | 22% |
Pas-de-Calais (cross Jobourg) | 12% | -18% | -9% |
Canal de Suez | 53% | -19% | 25% |
Canal de Panama | 1% | -11% | -10% |
Source : Organismes nationaux
Depuis la crise financière de 2008 l’économie européenne est morose, le PIB a faiblement augmenté (d’environ 7% entre 2008 et 2014) alors que celui des USA a une croissance de 27% sur la même période. Le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé. Un taux de chômage moyen sur la période 2002/08 de 8,4% et de 9,5% sur la période 2008/12. De plus, à cause de divergences d’opinions au sein de l’Union et d’un climat social tendu le climat politique n’est pas favorable.
Après l’observation de la baisse du trafic au détroit de Pas-de-Calais et le manque de dynamisme de l’économie européenne, on se rend compte que celle-ci influence les volumes de navires présents au sein de ce passage. Effectivement si l’économie européenne se relance avec une hausse de la consommation des ménages et de la production, le trafic maritime de fret va bénéficier de cet essor.
A terme, il paraît essentiel de connaitre et surveiller les flux de trans-manche qui donnent une indication sur les tendances de l’économie mondiale. Aujourd’hui il n’existe pas d’organisme qui capte et analyse ces flux. Seul les CROSS relèvent et communiquent le trafic. La mise en place d’un observatoire de ces flux trans-manche est une solution à envisager afin d’avoir des données plus précises et exploitables.
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