Présentation de l’auteur :

Yves Le Denn a exercé des responsabilités de management de la Supply chain  dans les entreprises suivantes : Pfizer, 3M santé, L’Oréal, Olivetti, Ducros SR. Il est depuis vingt ans président fondateur du Réseau Flux (société de conseil en management). Il est également président d’honneur de l’Aslog (Association française pour la logistique).

Objectifs et évolution du management de la chaîne logistique globale.

Tout au long des années 90, les entreprises ont œuvré afin de mettre en place un système qualité qu’elles ont souhaité faire valider par une certification. Cette démarche internationale appelée ISO 9000 n’a pas cessé d’évoluer depuis cette époque en alliant la recherche de la qualité totale des Japonais à la gestion des processus des Anglo-saxons.

En suivant ce cheminement, un groupe de travail français, constitué de techniciens de la démarche qualité de l’Afnor (Association française de normalisation) et des professionnels de la logistique regroupés autour de l’Aslog (Association française pour la logistique) et de la section nationale de la SOLE (Society of Logistics Engineers) ont œuvré à la rédaction d’une norme permettant de définir la démarche logique et d’identifier les sept grandes phases  qui:

« s’appliquent aussi bien à des activités logistiques de biens que de services, dans les entreprises privées ou publiques»

Chaîne Logistique

Face aux trois sous-systèmes de l’entreprise identifiés classiquement selon les fonctions approvisionnement, production et vente cette démarche resitue l’entreprise dans sa globalité, et l’importance de la gestion des interfaces avec les fournisseurs, les prestataires et, évidemment les clients.

La norme précise en outre que « la logistique implique trois niveau de management » :  

« La planification et  l’exécution et la maîtrise des mouvements et mises en place des personnes et des marchandises et des activités relatives à ces mouvements et mises en place au sein d’un système organisé pour atteindre des objectifs spécifiques ».

Et que la chaîne logistique (supply chain ) « est constituée d’une suite d’événements, pouvant inclure des transformations, des mouvements ou des mises en place, et apportant une valeur ajoutée ».

Cette notion de valeur ajoutée met en avant l’importance accordée à la suppression des gaspillagesMuri (excédents), Muda (gâchis), et Mura (irrégularités)–  propre aux disciples de K. Ishikawa[1], et de Deming, et des méthodes qui vont du Kaïzen au Lean,  et à tous les outils qui en découlent.

Certains vont plus loin : ils segmentent les activités de l’entreprise, en fonction des différents types de clients ou de mode de productions, l’analyse puis adaptent l’organisation de leur entreprise.

Dans le premier cas, ils mettent en avant une technique de contrôle de gestion dénommée ABC (Activity based costing), méthode d’analyse des coûts selon les activités et les ressources qu’elles utilisent, qui conduit à un mode de management adapté et personnalisé (Activity based management). Dans cette méthode nous passons d’une organisation taylorienne qui privilégiait l’excellence fonctionnelle à une organisation transversale où la gestion des flux s’organise en fonction des clients et de leurs besoins spécifiques.

Dans le deuxième cas la segmentation se fait non seulement en tenant compte des différentes activités (approvisionner, produire, vendre, retourner …) mais modélise la chaîne logistique en fonction du mode de commercialisation, de production et d’approvisionnement : disponible sur stock, assemblage de sous-ensemble à la demande,  production spécifique. On imagine bien toutes les combinaisons que cette méthode appelée SCOR (Supply chain operation reference) peut offrir tant sur le plan de  la planification que du contrôle des flux.  Le pilotage qui se fait sur quatre niveaux depuis le processus global  jusqu’à la décomposition de celui-ci par éléments de base.

Chaîne Logistique

Depuis plus de 15 ans les membres du Supply chain concil[2]  ont contribué à faire évoluer ce modèle qui a intégré successivement les notions de logistique verte (green Scor), de soutien ou de gestion des risques. Outre son intérêt concernant la connaissance et la description des flux cette méthode permet d’établir des indicateurs qui permettent d’évaluer son efficacité  par rapport à ses propres objectifs qualitatifs, comme la  fiabilité, la réactivité, la  flexibilité, mais également financiers, et de se comparer par rapport aux mesures effectuées par d’autres entreprises adhérentes (benchmarking).

Ces comparaisons, également effectuées à partir du référentiel de la qualité logistique de l’Aslog (Association française pour la logistique)[3], permettent d’établir des évaluations entre les meilleurs résultats et la moyenne pour différents taux stratégique comme la rotation des stocks et les coûts (% par rapport au CA), et tactiques comme la  fiabilité des prévisions d’achats, le service fournisseurs, la production interne, la fiabilité des prévisions de vente, le service client, ou la satisfaction clients.

L’objectif général de ces méthodes est non seulement d’obtenir la satisfaction du client qui permet de pérenniser les entreprises, mais également en réduire les temps des différents cycles pour maîtriser les stocks. Leur évolution doit se faire en amont comme en aval en intégrant les fonctions achats et  commerciales dans la gestion des interfaces entre fournisseurs et clients. Cela passe par une intégration de l’acte d’achat (choix de l’implantation des fournisseurs, nombre, mode de transport …) et des modes et techniques de commercialisation (vente directe, E-commerce, ECR[4], flowcasting…) dans la modélisation des processus, ainsi que les outils informatiques de traçabilité et de gestion, que certains ont désigné sous l’appellation de « cross canal » ou « logistique 2.0 ».

Bibibliographie :

  • La Démarche logistique (avec Hervé Brunet),  AFNOR
  • Logistique : Démarche et technique, ouvrage collectif, AFNOR
  • La Chaîne logistique au service du client, Collection Cible, CELSE
  • Introduction aux ouvrages d’André Martin (DRP,ECR …)
  • Articles sur les démarches Activity Based Costing and Management  (Ecole nationale des ingénieurs des Arts et métiers)
  • CD Rom interactif sur la logistique (prix du meilleur matériau pédagogique CCI Paris)

[1] Le TQC ou la qualité à la japonaise Afnor

[2] www.supply-chain.org

[3] www.aslog.org

[4] ECR : Efficace consumer response