Android, futur colonisateur de nos entrepôts ?
Android, futur colonisateur de nos entrepôts ?

Android est très présent dans nos vies privées. A en juger par une étude de Kantar World Pannel, l’OS de google est aujourd’hui présent sur 78,8% de nos mobiles. Une part de marché très importante. Une grande partie de ce succès s’explique par le fait que ce système est beaucoup plus ouvert que celui de son principal challenger : Apple.

Dans un monde où nous digitalisons de plus en plus de tâches, qu’en est-il de l’usage d’android à travers nos chaînes logistiques et plus précisément à travers nos entrepôts ?

La fin de Windows

Historiquement, la plupart des systèmes faisant tourner nos terminaux en entrepôt ou dans l’industrie étaient sous Windows CE/Mobile. Le secteur professionnel était une base solide pour Windows.
Sur le marché grand public par contre, la concurrence entre Windows, Apple et Android était féroce. Malgré les efforts fournis par la firme de Redmont, celle-ci n’a pas réussi à s’imposer sur le marché.

Windows cède contre Android et Appel
Windows mobile, la fin après une lutte acharnée

En 2019, les équipes de Windows annoncèrent un arrêt du support de Windows Embedded CE 6.0 puis, en 2020 un arrêt pour Windows Handheld 6.5. Ce sera le tour de Windows Embedded Compact 7 en 2021.
Les conséquences de l’arrêt du support sont que Windows ne fournira plus de correctifs de sécurité et de correctifs logiciels. Cet arrêt signe à la fois une fin de l’activité grand public mais aussi de l’activité professionnelle.

Une migration vers Android

De nombreux éditeurs de solutions WMS n’ont pas attendu l’annonce de la fin de l’activité de Windows CE/ Mobile pour explorer d’autres possibilités en environnement professionnel. Comme nous le disait Thomas Tschinschang, Directeur Commercial de KLS, “ Depuis le début, on a intégré des solutions de mobilité comme Android ainsi les clients ont le choix entre les 2 OS. Aujourd’hui on ne propose majoritairement que du système Android mais cette décision dépend de la vétusté des terminaux de nos clients”.

En effet, profitant du renouvellement de leurs terminaux, certaines entreprises saisissent l’occasion pour changer l’OS de leurs matériels. Mais attention, un changement de ce type doit se faire avec une bonne connaissance des impacts sur votre SI.Il faut notamment “prendre en compte l’aspect responsive des écrans du WMS car l’affichage ne sera pas le même entre un écran PC et un terminal mobile” nous indique Thomas Tschinschang.

Avant d’aller plus loin, faisons un aparté sur les différentes solutions en termes de terminaux

Pour bien comprendre les avantages et inconvénients d’un OS Android, il est important de clarifier quelques points. Il est aujourd’hui possible d’utiliser deux types de terminaux au quotidien. 

Des terminaux dits “durcis” et des terminaux mobiles semblables à nos smartphones. Ces solutions sont proposées par des éditeurs comme Zebra, Datalogic ou encore Honeywell.

Les terminaux durcis sont utilisés uniquement par des professionnels. Ils sont plus solides, conçus pour être utilisés en entrepôt / industrie. Certains éditeurs ajoutent à ceux-ci des “surcouches” de sécurité afin de pallier certaines faiblesses de terminaux mobiles de type smartphone. Un point important est que contrairement aux mobiles, ils ont des têtes de lecture de codes à barres plus robustes. Il en résulte une détection plus facile ainsi qu’une distance de lecture plus grande.

Les terminaux mobiles de type smartphone sont semblables aux téléphones que vous et moi pouvons avoir. Ils ont l’avantage d’être clairement moins chers que des terminaux durcis néanmoins, ils sont potentiellement beaucoup plus sujets à la casse ou au vol. Pour ce qui est de la lecture, les smartphones ne sont pas équipés des meilleurs capteurs optiques. Cependant vous pourrez remédier à ce point en les couplant avec des bagues scanner bluetooth (ce qui fera grimper un peu le coût).

Thomas Tschinschang nous met en garde sur l’étape clé que sera la sélection du type de terminal lors d’une migration : Il faut faire son choix en fonction du type de produit géré. Si vous êtes en environnement réfrigéré, si vous traitez du PAP ou si vous êtes en environnement ATEX, ce ne sera pas le même besoin. Chez KLS, c’est une étape intégrante de notre démarche projet. On teste les différents terminaux avec nos clients en impliquant les équipes opérationnelles. C’est un point structurant pour la réussite de la conduite du changement.”

Android, pesons le pour et le contre !

Commençons d’abord si vous le voulez bien par les avantages :

  • L’OS est moins onéreux que Microsoft (logique de fonctionnement sans acquisition de licences pour utiliser le système d’exploitation ou ses firmwares)
  • Il permet d’avoir accès à des reportings journaliers, des tableaux de bord directement sur smartphone ce qui est plutôt pratique en tant que directeur d’entrepôt ou chef d’équipe
  • Derrière ce système gravit un écosystème de développeurs et une communauté importante ce qui permet d’optimiser / développer sans cesse de nouvelles fonctionnalités
  • Android intègre des technologies comme WIFI/GSM, IoT Bluetooth low energy ou encore NFC qui permettent un fonctionnement avec toutes sortes de solutions hardware (Voice Picking, écran tactile, Pick by vision…)
  • La prise en main est beaucoup plus rapide ce qui réduit les temps de formation des nouveaux opérateurs / intérimaires
  • De réels gains de traçabilité, qualité et productivités sont constatés
  • Moins lourds que leurs prédécesseurs, les terminaux Android permettent de limiter certaines problématiques d’ergonomie ou de TMS

Les points négatifs quant à eux sont les suivants :

  • La fréquence des MAJ plus importante fait qu’elle peut générer des problématiques de sécurité de vos terminaux.
  • L’usage de base étant destiné au grand public, il se peut que certaines fonctionnalités vous causent quelques difficultés si vous ne partez pas sur des terminaux durcis (blocage de pop-up, blocages de ports …)
  • Les terminaux mobiles sont beaucoup plus sujets à la casse ou au vol (là encore tout dépend de votre choix hardware)

Quels points clés verrouiller avant de déployer en entrepôt des terminaux sous Android ?

Passer d’un OS à un autre n’est pas sans conséquences. Plusieurs points sont à bien regarder / tester en amont :

  • L’aspect “responsive” de votre WMS. En effet, pour bénéficier pleinement des performances de l’OS vous aurez certains ajustements à faire afin que vos outils fonctionnent sur n’importe quel terminal.
  • La conduite du changement. Comme nous le disait Thomas Tschinschang, il est important d’intégrer ce point car il touche le quotidien de vos équipes. En effet, changer les terminaux avec lesquels vos équipes travaillent peut sembler anodin de votre point de vue… mais il va toucher les habitudes de travail de vos salariés. Prudence donc !
  • La phase de test. En amont du déploiement et comme dans tout projet, il sera important de bien tester en environnement de recette et sur le terrain l’ensemble de votre matériel (sécurité des équipements, connectivité, compatibilité, ergonomie…)
  • La qualité de votre couverture réseau sur l’entrepôt. Etant donné le changement de terminaux, il vous faudra tester la performance de votre couverture réseau ainsi que le roaming map. Thomas Tschinschang nous précise “Il faut veiller à mener ces tests avec un entrepôt vide mais également avec un entrepôt plein car la couverture ne sera pas la même…”

Et chez KLS Group, quelles sont les prospectives concernant l’usage d’Android en entrepôt et les technologies que vous pourriez venir y accoler ?

Thomas Tschinschang : “Aujourd’hui, on croit beaucoup au Pick By Vision. On est dans la première phase de développement. L’information disponible sur le terminal en main est ainsi déportée sur la lunette. Le dispositif est couplé avec une bague scanner qui permet de garder les deux mains libres.

Dans un second temps, notre objectif serait d’avoir une détection du code barre par le verre de la lunette. Le problème que l’on rencontre actuellement dans la mise en oeuvre de cette solution est surtout hardware. On ne trouve pas de lunettes adaptées sur le marché, l’autonomie des batteries n’est pas encore adéquate et les qualités de lecture de code à barres sur ce genre de technologies se sont pas encore optimales.
D’un point de vue software, on pourra intégrer l’apparition d’éléments en temps réel sur la lunette ce qui sera réellement un plus (par exemple l’affichage de photos de produits, la quantité des articles à prélever, les instructions de navigation…).”