Le marché des TMS est un marché dynamique. Peu d’acteurs en sont équipés pourtant, les gains sont assez conséquents. En effet, certaines études estiment que ces solutions apportent le plus souvent entre 10% et 30% de gains sur les budgets transport. Autant dire qu’il est intéressant d’étudier le sujet de plus près !

KLS Group, éditeur de WMS et de TMS
Grégoire GARCIA , Directeur Général – KLS Group

Aujourd’hui nous vous proposons d’aborder le sujet des TMS avec KLS. KLS GROUP propose des solutions TMS pour la gestion des expéditions et des solutions WMS pour la gestion des stocks. Nous verrons avec Grégoire GARCIA, Directeur Général, quel est l’état du marché ainsi que les enjeux à court et moyen terme du TMS Chargeur pour KLS.

Quels sont les enjeux, tendances et grandes évolutions pour répondre aux évolutions du marché et aux nouvelles attentes des consommateurs ?

Grégoire Garcia : « L’enjeu principal pour KLS c’est de continuer à s’inscrire sur une solution globale. C’est-à-dire apporter une vision complète de la logistique à nos clients via à la fois notre WMS et via notre TMS. Aujourd’hui l’un ne va plus sans l’autre. Ça ne signifie pas pour autant que notre TMS et WMS ne sont pas autonomes et indépendants. Il s’agit plutôt de signaler à nos prospects et clients qui sont peu informatisés en matière de logistique qu’il est important de voir le TMS et WMS comme un ensemble. Pour donner un exemple, implémenter un WMS si l’impression des étiquettes de livraison est « manuelle » à un faible intérêt en matière de productivité. Inversement, l’impression d’étiquette automatisée sera toujours limitée par la capacité à préparer de la commande avec un WMS.

Le WMS et le TMS interviennent tous les deux dans l’entrepôt même s’ils sont utilisés par des acteurs et métiers différents. Le WMS va permettre de travailler sur la cartographie, les processus et l’intérieur de l’entrepôt. Le TMS lui, fait l’intermédiaire entre l’entrepôt et les acteurs du transport. Ce sont deux métiers différents mais ils appartiennent aux maillons d’une seule et même chaîne. Et la solidité d’une chaîne s’aligne sur le maillon le plus faible, d’où l’importance réaffirmée de la voir dans sa globalité.

Le conseil que nous donnons à nos prospects est le suivant : le TMS a de nombreuses fonctionnalités avancées mais il est important de regarder en 1er lieu les fonctionnalités liées à l’impression d’étiquettes. C’est prioritaire, car passer d’un modèle où pour chaque transporteur correspond un ensemble imprimante/logiciel, à une solution automatisée en sous-marin et avec une unique imprimante permet de ne pas rendre l’investissement WMS vain en garantissant la continuité de productivité dans tout l’entrepôt. Les autres fonctionnalités viennent ensuite renforcer un meilleur suivi, une meilleure qualité etc…. Mais d’un point de vue qualité de la production et productivité de l’entrepôt il faut le voir vraiment comme un ensemble et donc débuter par ces fonctionnalités basiques ».

Vous parliez justement de cette notion de continuité dans les SI. Est-ce votre volonté d’avoir des outils plug and play qui peuvent être facilement interfaçables avec vos solutions ou des solutions concurrentes ?

KLS Group, éditeur de WMS et de TMS

Grégoire Garcia : « En matière de positionnement, notre volonté est bien de distinguer les deux produits et d’associer à cela les deux entités KLS TRANSPORT et KLS LOGISTIC. Il s’agit clairement de deux métiers différents. Pour cela, il est primordial pour nous de gérer ces compétences via deux équipes techniques distinctes. Mais la force du groupe nous permet de faciliter les échanges et d’améliorer continuellement la communication entre nos outils via des investissements communs. 

Aujourd’hui je ne vois pas nos ingénieurs WMS commencer à parler des spécificités du transport et de la même manière, je ne vois pas les ingénieurs transport commencer à discuter des finesses des procédures des WMS. On s’appuie sur un tronc commun couplé à l’expertise de nos chefs de projets et de nos ingénieurs dans chaque domaine.

Maintenir ce positionnement va aussi avec le fait que les deux solutions peuvent être indépendantes et interfaçables avec d’autres solutions. La réflexion globale doit être claire : « N’arrêtez pas l’entrepôt à la préparation, pensez aussi à l’expédition” et inversement » .

Un WMS peut gérer seulement une partie des expéditions d’un chargeur via une brique transport. Mais il ne fera clairement pas le même boulot qu’un TMS ».

Aujourd’hui, les WMS sont des solutions matures qui ont un fort taux de déploiement. Pour vous, les TMS sont-ils plus en retrait en matière d’utilisation ?

Grégoire Garcia : « Selon la dernière étude XERFI sur les logiciels de logistique, le taux d’équipement des TMS est seulement de 25 % en France là où 8 entrepôts sur 10 sont équipés d’un WMS. Le taux d’équipement des WMS dépend du secteur d’activité comme dans le secteur industriel par exemple. En revanche, dans un secteur « émergeant » comme le e-commerce, il s’agit principalement d’accompagner les entreprises dans la transformation et l’adaptation de leurs outils.

En parallèle, il y a les « pure player » qui sont experts dans leur approche web marketing et expérience utilisateurs. Mais, dès que le business est lancé et que les ventes explosent, ils sont souvent confrontés à deux solutions : 

  • Soit externaliser la gestion de leurs expéditions, mais avec des volumes importants cela devient coûteux et forcément ça vient impacter les tarifs proposés. Sachant qu’il est compliqué en tant qu’e-commerçant de devoir laisser la main à un prestataire, surtout lorsqu’il n’y a pas de magasin physique pour assurer la proximité avec le consommateur
  • Ou alors internaliser afin de garder le contrôle de ses expéditions. C’est-à-dire développer des moyens et des ressources afin de contrôler la rapidité et la qualité de traitement des livraisons

C’est une réflexion qu’ont des acteurs plus experts. Les jeunes pousses du e-commerce n’ont le plus souvent pas de direction logistique. Lorsqu’un e-commerçant devient « victime » de son succès, alors le dirigeant en collaboration avec le responsable informatique cherche des solutions à court terme. Dans ce cas, on se retrouve souvent face à des situations d’entrepôts qui ne sont pas informatisés. Dans ce cas, la logistique est encore gérée avec des outils comme Excel ou les modules spécialisés d’ERP. Il y a une transition à faire, une transition importante avec un gros apport de productivité, de qualité de gestion de stock et de gestion de l’espace. Car l’e-commerce bouleverse tout le marché et vient challenger les implications en matière de remontées d’informations avec le site internet. Ce sont des flux « simples » mais importants en volumétrie qui subissent parfois de gros pics d’activités.

Pour le TMS, le taux d’équipement est encore très faible. Nous sommes vraiment sur un marché à conquérir, tous secteurs confondus ».

Pour vous, qu’est-ce-qui motive les directions transport aujourd’hui dans le choix de déployer un TMS ? C’est la recherche d’optimisation flottes, des chargements ?

Grégoire Garcia : « Il y a un panel très large de fonctionnalités à prendre en compte dans le cadre du mot TMS. Nous sommes chez KLS intégrateur et éditeur d’un TMS destiné aux chargeurs. Le TMS chargeur aujourd’hui est lui-même subdivisé entre le TMS chargeur messagerie et TMS chargeur affrètement. Cela implique des fonctionnalités totalement différentes.

Pour un TMS chargeur dédié à la gestion de l’affrètement, il faut prendre en compte la planification, la prise de rendez-vous automatique, le calcul tarifaire pour la base du kilométrage, la gestion des quais… ce sont des options propres à l’affrètement.

Pour un TMS chargeur dédié à la gestion de la messagerie, c’est-à-dire des tournées récurrentes. Le point central de l’outil sera donc plus sur le fait de donner le choix du meilleur transporteur en fonction des tarifs avec des choix qui sont liés à l’unité de manutention (au colis ou à la palette).

Côté TMS transporteur, on se rapproche beaucoup plus de l’ERP transporteur avec des fonctionnalités de gestion des chauffeurs, de gestion de véhicule etc….C’est vraiment de la gestion propre au transporteur. Toutes les activités de facturation, de comptabilité sont des fonctionnalités attendues. La gestion du parc véhicules incluant les contraintes de maintenance, la gestion des ressources humaines est également importante. Enfin, la gestion de la sous-traitance.

La seule brique « stand-alone » sur la partie transporteur c’est la gestion de tournée ».

Quels sont vos grands enjeux et les évolutions auxquels les équipes et outils de KLS essayent de répondre ?

Grégoire Garcia : « C’est un savant mélange entre l’évangélisation du marché et l’innovation. D’une part en équipant des acteurs avec des fonctionnalités basiques. C’est déjà une brique à absorber même si ce n’est pas la plus poussée en matière de fonctionnalités. Et pour des acteurs plus matures proposer des fonctionnalités innovantes permettant d’aller chercher un degré avancé d’optimisation des flux. 

Lorsqu’une entreprise gère ses expéditions avec de la pesée et de la saisie d’informations manuelles via divers portails transporteurs, le fait de pouvoir supprimer ces étapes fastidieuses notamment les automatiser avec le WMS, mais aussi apporter de l’information de tracking avec un suivi plus fin, permet une vision globale de toutes les expéditions… Alors on offre un logiciel qui fait tour de contrôle. Et c’est déjà là une étape importante qu’il faut intégrer au niveau de la direction logistique mais aussi d’autres services tels que le SAV où tout autre service pour lequel l’information de tracking est vital. Ces changements importants pour l’entreprise entraînent une refonte globale de l’organisation. C’est pour cela que nous conseillons aux clients de faire un déploiement de nos outils en plusieurs phases. On présente les évolutions possibles et on préconise de se concentrer sur une première partie. C’est ce qui permet de faire la différence. Quand on parle de réelles différences, cela signifie que nous devons être en mesure d’apporter au moins 20% de gain de productivité. C’est là notre 1er objectif. 

La deuxième étape, pour des clients équipés ou éventuellement de grands compte, est de déployer plus de fonctionnalités. C’est à dire de reprendre la main dans un premier temps sur le choix du transporteur et ne plus se laisser guider par un client qui choisit. En général, dans les entreprises le choix du transporteur est réalisé en amont lors d’appels d’offre : on sélectionne le meilleur prestataire pour un type d’expédition. Là, l’objectif c’est de remettre constamment en concurrence les transporteurs avec toutes les contraintes de qualité, de coût, de respect des délais. 

Le client final finit par choisir simplement le service qu’il veut utiliser. Il veut être livré rapidement dans un délai défini. Mais en revanche c’est le chargeur qui a la connaissance du transporteur. C’est donc lui qui doit avoir le dernier mot. Il faut redonner la main même quand il y a des flux importants pour choisir le transport.

Prendre la main sur le choix du transporteurs et ses tarifs, c’est également retrouvé de la visibilité via un contrôle de facturation accessible. Aujourd’hui les différents formats transporteurs de factures sont majoritairement sur des formats et des fichiers peu ou pas digérables informatiquement. Pour cela, on compte sur la législation notamment via la mise en place d’un référentiel commun entre tous les transporteurs sur la facture électronique pour pouvoir facilement implémenter à l’avenir le contrôle de facturation à l’ensemble des prestataires sans contrainte et de façon plus accessible pour nos clients.

Le dernier point n’est pas fonctionnel mais propre à notre stratégie. C’est la volonté de donner plus d’autonomie à nos clients. Intégrer le TMS de façon à former des « super utilisateurs » capables de modifier, intégrer de nouvelles règles de gestion ou encore modifier les paramètres transporteurs. Améliorer l’autonomie de nos clients sur nos solutions et c’est aussi améliorer leur flexibilité face à l’évolution de leurs flux ».

En prospectives aujourd’hui pour KLS, en matière de R&D ? Vous avez des sujets clés sur lesquels vous travaillez ?

Grégoire Garcia : « Sur la partie transport, purement logiciel, on travaille à donner des outils pour l’appairage entre nos clients et leurs destinataires. Aujourd’hui on a toute une quantité d’informations qui nous parvient et on s’appuie sur des interfaces avec des sites web existants notamment dans l’e-commerce. On souhaiterait proposer des outils / solutions qui permettent de donner un accès aux données à ses clients finaux même si l’entreprise ne possède pas de site web pour ça. Aujourd’hui, ce sont généralement les services DSI qui développent une solution tampon avec laquelle on vient s’interfacer. »

Pour finir, selon vous le marché du TMS va évoluer vers quels grands axes ?

Grégoire Garcia : « Il va y avoir plusieurs axes d’évolution selon la dimension des clients. 

Un des premiers, est d’intégrer des fonctionnalités dédiées à la gestion de la messagerie et de l’affrètement pour proposer un TMS chargeur complet. A ce jour, beaucoup de TMS affrètements savent gérer de la messagerie mais ils ne sont pas faits pour ça. Inversement, les TMS chargeurs messagerie peuvent gérer de l’affrètement, mais de façon très limitée. Le montage de solutions globales est essentiel.

Le deuxième point c’est de faciliter l’intégration d’une flotte externalisée pour challenger les transporteurs. Là on est sur des flux et des moyens qui sont plus importants. Cela signifie proposer un TMS chargeur qui puisse s’intégrer avec une solution de gestion de tournées. Ainsi, la flotte interne est référencée comme un transporteur à part entière. Le TMS pourra choisir entre les transporteurs et la flotte interne la solution à sélectionner. Dans le cas où la flotte interne est privilégiée alors l’outil de gestion de tournée prendra le relais pour optimiser, et planifier les trajets. 

L’objectif final reste le même : mieux maîtriser ses expéditions et ses coûts.

Enfin, offrir aux entreprises une brique fonctionnelle qui va leur permettre de calculer leur impact écologique et leurs émissions de CO² reste un sujet central ».

Un grand merci à Grégoire GARCIA et plus largement à KLS Group pour cette contribution et la qualité de nos échanges.