A l’heure de l’hyper-connectivité et de la disponibilité quasi-immédiate de la ressource dans les pays développés, il est intéressant d’étudier la gestion de la chaîne logistique sur des territoires particuliers, contraignant par le milieu, les infrastructures et l’éloignement de nos habitudes. 

Il convient donc de répondre à la question comment, à 17000 km de la métropole, en Nouvelle-Calédonie, au sein d’un tissu local très peu productif, garantir une chaîne logistique permettant d’être efficace en permanence.

Avec qui?

Pour cela dans un premier temps, il convient de se poser les bonnes questions. On commence à réfléchir à la question avec qui ? 

On comprend rapidement pour cela qu’il y a le tissu industriel et économique local, puis l’importation depuis la métropole ou l’international dans certain cas.

Ajouté à cela le code des marchés publiques auquel toute administration doit se soumettre et l’on comprend rapidement que les flux logistiques se feront tout d’abord via la métropole, en procédure dérogatoire en achat ou approvisionnement local. Les approvisionnements depuis d’autres pays devenant rapidement compliqués.

A cela s’ajoute donc la question avec quels moyens ? Premièrement un navire affrété, et un seul par an qui doit servir à effectuer les relèves techniques (rotation du parc de véhicule), délivrer les nouveaux équipements, amener les pièces détachées et les ressources principales pour une année (et oui puisqu’un seul navire affrété).

Dans un deuxième temps les avions qui acheminent les relèves de personnels tous les 4 mois. Mais à la marge car le fret logistique d’accompagnement charge déjà bien les avions qui sont en plus en limite de rayon d’action. Enfin quelques voies maritimes commerciales et possible approvisionnement en urgence par fret avion civil en cas de réel problèmes.

Cela c’est pour le flux depuis la métropole. En parallèle en achat local, les marchés en cours essentiellement avec les concessions de camions et engins quand la pièce est disponible. De même pour les ressources en particulier de carburant, tout en gardant à l’esprit qu’en cas de crise cela sera la pénurie. 

Il est donc primordial de disposer d’un service achat solide qui maitrise le tissu local, ses particularités et ses contraintes.

Organisation du territoire de la Nouvelle-Calédonie

Contre qui?

Après avoir répondu à la question avec qui l’on peut se poser, contre qui ? 

Pour cela, il convient d’étudier le milieu. Une saison des cyclones rendant très compliqué l’approvisionnement logistique maritime et quasi impossible l’aérien mais qui en parallèle nous fait surconsommer nos potentiels car difficultés d’approvisionnements.

Des axes uniques et dont la libre circulation est soumise aux aléas climatiques et une île qui fait environ 400 kilomètres de long soit quasiment Paris – Lyon sur 50 kilomètres de larges.

Le maître mot d’une chaîne logistique efficiente et résiliente est donc de s’assurer de disposer d’un stock suffisant permettant de soutenir les opérations d’une année et d’une capacité à tenir dans la durée en cas de crise.

Planification et anticipation

Pour cela, la planification et l’anticipation sont les maître-mots qui permettent d’atteindre cet objectif.

Planifier les besoins logistiques estimés d’une année mais aussi d’une crise afin de définir un stock tampon entre deux navires affrétés et un stock de sécurité permettant de tenir en cas de crise. 

A cela s’ajoute la contrainte des élongations entre les deux emprises de l’établissement d’environ 200km(soit un Paris – Lille). Il faut donc pré positionner des stocks et les suivre sur les deux emprises.

L’anticipation passe par le juste dimensionnement du besoin logistique en matériels et ressources à mettre dans l’affrété mais aussi convaincre des risques et enjeux à ne pas fournir ces équipements et ressources au niveau central. 

La liberté d’action ne peut être gagnée qu’en s’approvisionnant en local et l’anticipation pour conquérir la ressource est donc primordiale. Les achats locaux venant permettre de gagner en souplesse et réduire le stock tampon mais en aucun cas le stock de sécurité, car en cas de crise il n’y aura aucune filière locale disponible.

C’est à ce prix-là et uniquement à celui-là que l’on peut garantir une chaîne logistique fonctionnelle et résiliente.La gestion de tout événement devant être étudié dans la perspective globale de la continuité du soutien logistique.

Principales routes commerciales maritimes françaises