La logistique relève en grande partie du bon sens. Pour autant, nous l’avons toutes et tous constaté, il est de plus en plus complexe de gérer les flux, prévoir et planifier nos activités.
Au fil des siècles, la logistique a évolué au gré des progrès technologiques. Les outils à disposition des entreprises se sont aussi développés.
Nous vous proposons ce jour d’aborder l’histoire des systèmes d’informations logistiques au fil des âges.
Avant d’aller plus loin je vous invite à prendre connaissance de cette vue d’ensemble construite par KLS Group :
Retour sur ce qui semble être les origines de la logistique
Nous le disions en introduction, la logistique relève globalement du bon sens. On retrouve naturellement des fonctions logistiques dès l’antiquité au sein, par exemple, des légions romaines, mais aussi dans les légions napoléoniennes ou encore dans un rôle prépondérant lors de l’opération “overlord” le 6 juin 1944.
Militairement, cette fonction servait et sert encore aujourd’hui avant tout à organiser le mouvement des troupes. C’est-à-dire, faire en sorte que l’armée puisse avoir un endroit sécurisé / acceptable pour planter son camp et une chaîne d’approvisionnement en état de marche (pour la nourriture, l’eau et les munitions).
Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’évolution historique de la logistique, je vous invite à consulter cette publication : “L’histoire de la Logistique”.
The age of Manufacturing 1900 – 1960: une ère d’émergence de l’informatique
Du 19ème siècle à 1950, nous assistons à une modernisation des outils à disposition de l’industrie et plus largement des opérations. L’arrivée des technologies comme le téléphone, la radio, le radar, le moteur à combustion ou encore les technologies à vapeur permettent d’accélérer sensiblement les déplacements et les cadences de production.
Dans le monde d’après-guerre l’économie mondiale est en pleine reconstruction. Le plan Marshall supporte les nations européennes et nous nous trouvons dans une économie où les besoins sont énormes avec au final, peu de concurrence. En clair, nous sommes sur un marché de production de masse avec un faible référentiel de produits proposés. Cette période durera jusque dans les années 60.
Pour la logistique, celle-ci sera majoritairement gérée sans informatique moderne.
Sur le volet des systèmes d’informations, pas de grandes découvertes. Celles-ci se situent plus sur l’aspect hardware où, comme l’explique très bien le CIGREF, le premier ordinateur à transistor est commercialisé en 1956. Cela ouvrira la voie à l’évolution de certaines fonctions administratives en entreprise.
The age of Distribution 1960 – 1990 : premiers balbutiements
A compter de 1960 et, en partie grâce à la mondialisation post 2ème guerre mondiale, nous passons dans une globalisation des échanges (un des inducteurs de cette globalisation sera l’arrivée du conteneur). Ce changement de paradigme va contribuer à :
- démultiplier les échanges internationaux
- étendre les marchés commerciaux
- accroitre le volumes de flux de transport
La globalisation va également amener avec elle une plus grande offre disponible sur le marché (et donc plus de concurrence). Par conséquent les entreprises doivent faire face à un client qui devient plus exigeant. Durant cette période, de grosses évolutions sur l’aspect hardware amèneront à un réel développement de l’ordinateur. Les années 70/80 donneront naissance au premier code à barres (grand facilitateur de la gestion des flux logistiques).
Dans ce contexte nous assistons dans les années 80 à l’émergence de solutions facilitant l’optimisation des opérations (stock, tournées de livraisons…). Les premiers WMS (Warehouse Management System) sont développés et adoptés par des acteurs. Mais malgré cela, l’usage des tableurs ne fait que progresser et reste le principal outil utilisé en entreprise.
Il est également à noter que la création de l’entreprise SAP en 1972 sera le point de départ du développement de solutions dédiées au monde de l’entreprise (dans ce cas précis, nous parlons de progiciel de gestion comptable). Cette première base développée par l’éditeur servira de fondations à l’ERP (Enterprise Resource Planning) que nous connaissons aujourd’hui.
C’est également durant cette période qu’Arpanet (ancêtre de notre internet moderne) va voir le jour. Sa création ouvrira la voie à une internationalisation des échanges encore plus marquée. Ce premier système posera les bases d’un informatique moderne qui permettra aux entreprises de développer des solutions automatisant nombre de tâches et accélérant les flux d’informations entre les acteurs.
En 1987, l’ONU s’attèle à normer les échanges informatiques ce qui donnera naissance aux premières normes EDI (Electronic Data Interchange) dans le secteur du transport. Normes qui évolueront avec le temps et seront ensuite reprises dans les principaux systèmes d’informations du transport aujourd’hui sur le marché.
The age of Information 1990 – 2010 : une mondialisation engendrant de nouveaux besoins d’information
Les années 90 sont le début d’une période appelée “Age de l’information”. D’un point de vue macro (sans se focaliser uniquement sur la logistique), on y constate une “prise de pouvoir” de grands acteurs US tels qu’Amazon, Google, American Express… La mondialisation des échanges et le développement d’internet font que maîtriser l’information est une des clés pour pouvoir répondre aux attentes des clients.
Plusieurs facteurs vont contribuer à donner un coup d’accélérateur au développement des systèmes d’information logistiques :
- L’augmentation des capacités de calculs portées par une amélioration constante des solutions hardware disponibles sur le marché.
- La démocratisation de l’usage de l’ordinateur en entreprise.
- La démocratisation d’internet (qui va être un des drivers du développement du E-commerce).
- L’émergence de la 3G dans le domaine de la téléphonie mobile.
- L’émergence de la grande distribution contribue également au développement de solutions informatiques modernes.
Comme le fait remarquer Gartner dans son article, c’est dans le courant des années 90 que les premiers ERP vont se développer. C’est également à la même période que les APS (Advanced Planning and Scheduling) vont voir le jour. Ces solutions sont la suite logique de la création du MRP dans les années 60 par Joseph ORLICKY. Ils continueront ensuite de se développer en incluant toujours plus de pans des entreprises.
En parallèle du développement de solutions pour les entreprises, émerge une approche différente d’hébergement : le SaaS ou Software As A Service (notamment grâce au développement d’internet dans les années 2000). Le SaaS va contribuer activement à la réduction des coûts IT de l’entreprise en permettant des mutualisations de ressources importantes.
Nous avons beaucoup parlé de la partie gestion, planification amont et entrepôt jusqu’à présent. L’optimisation des flux de transport va de son côté vivre une première vague de modernisation entre 1989 et 1990 avec le développement des EDI. C’est également au début des années 2000 que les premiers Transport Management System (TMS) vont voir le jour. Nous y retrouverons dès le début deux typologies de solutions : des TMS affréteurs (aussi appelés prestataires par certains acteurs) et des TMS chargeurs.
Il faut à mon sens voir dans le développement des SI logistique un soutien à l’accélération et à la complexification des flux à gérer. Néanmoins, ces changements étant coûteux et nécessitant une profonde remise en question des fonctionnements lors de leur déploiement, on observe une rapidité de déploiement variée suivant les typologies de solutions.
Pour vous donner un ordre d’idées, voici un état en 2008 du développement des solutions logistiques dans nos entreprises (sources SESSI, INSEE) :
De 2010 à nos jours “The age of Customer”
A compter des années 2000, les foyers sont de plus en plus équipés d’internet, de mobiles et d’ordinateurs individuels. Il en résulte un accès de plus en plus fort à l’information. Information qui permet au client de comparer et de se renseigner avant d’acheter un produit. Au fil des années, il est donc de plus en plus complexe de capter et fidéliser ce client devenu volatil. Pour l’entreprise, il convient de se différencier par l’offre mais également par les services proposés.
Cet accès à l’information via le développement d’internet ouvre également la voie au développement de nouveaux canaux de ventes. Les années 2000 sont le point de départ du développement du E-Commerce. Au fil du temps, la logique multi-canal puis omnicanal s’impose chez nombre d’acteurs du retail engendrant de nouvelles problématiques (silos organisationnels, quantités de stock et disponibilité…). C’est dans cette dynamique qu’apparaissent vers 2009/2010 les premiers OMS (Order Management System).
En parallèle de ces évolutions de marché, les attentes des clients évoluent apportant un besoin de traçabilité et de visibilité sur l’ensemble de la chaîne logistique. Cela aura pour effet de contribuer à l’évolution des outils logistiques (WMS, TMS mais aussi les ERP), de faire évoluer les interconnexions entre les outils ainsi que la gestion de la donnée au sens large du terme.
La logique de centralisation du stockage de la donnée (en parallèle du désilotage des organisations) devient un standard et les entreprises s’attèlent à faire parler cette donnée pour maximiser la valeur apportée aux clients.
Enfin, les bonds en avant sur la partie réseau et infrastructures contribuent également à pousser le passage au cloud dans de nombreux champs d’applications (que ce soit sur l’hébergement des solutions logistiques ou l’hébergement de la donnée…).
Conclusion : quelles évolutions à venir pour les systèmes d’informations Logistiques ?
Aujourd’hui, comme nous expliquait précédemment Grégoire GARCIA (DG de KLS Group), “le taux d’équipement des TMS est seulement de 25 % en France là où 8 entrepôts sur 10 sont équipés de WMS”. On constate qu’il y a encore une marge de développement importante sur le segment du transport dans les années à venir. Sur le segment du WMS, nous sommes plus sur de l’amélioration de l’existant dans la mesure où le marché est beaucoup plus mature. Un des premiers axes sur les années à venir sera donc le déploiement ou l’amélioration des solutions IT logistiques.
Ensuite, la hausse des débits apportés par le déploiement de la fibre et les évolutions techniques sur les aspects « infrastructures » offrent des possibilités en matière d’hébergement. La virtualisation dans le cloud d’un certain nombre d’applications sera également un chantier qui va occuper les DSI (Direction des Systèmes D’information). On observe de plus en plus de solutions proposées en cloud là où nous étions précédemment plutôt “On premise”.
Enfin, le troisième grand chantier est relatif à la data et à son usage. Proposer un service à valeur ajoutée est la clé pour se démarquer. Les données issues des opérations logistiques sont une mine d’or permettant de mieux gérer ses opérations. Mais elles permettent aussi de mieux comprendre / anticiper certaines habitudes des clients. Les possibilités apportées par l’intelligence artificielle et les technologies récentes de traitement de la donnée ouvrent des possibilités pour travailler au plus juste (anticiper un volume de commandes à préparer, mieux traquer les causes de retours etc…).
Pour aller plus loin, signification des acronymes @here
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