Progression du TC2 vers la nouvelle position du PC-TAC ( Poste de commandement tactique ). Le 27 novembre 2017, le groupement tactique désert blindé (GTD-B) « Dauphin » s’est engagé dans l’opération KOUFRA avec son poste de commandement tactique (PC TAC), deux sous-groupements blindés, un sous-groupement de recherche multi capteurs (SGRM) et un train de combat de niveau 2 (TC2). Pour ce dernier, chargé de soutenir l’ensemble des détachements du GTD-B et particulièrement du PC TAC. Il s’agit d’une première depuis le début de son mandat et surtout un véritable défi logistique dans la durée.

Les structures des armées n’ont cessés de changer et de se transformer pour aboutir aujourd’hui (dans le modèle occidental) à une structure projetable du niveau du bataillon. Composée de 500 à 1000 hommes et répartie entre 3 à 5 compagnies directement au contact de l’ennemi, elle doit pouvoir se soutenir. Elle dispose pour cela de son autonomie logistique avec une unité dédiée qui est le train de combat.

Structure modulable par nature, elle est chargée d’intégrer les différentes capacités de soutien pour permettre l’engagement du bataillon. Organisée en trois niveaux, elle forme une chaîne logistique de soutien cohérente, robuste et résiliente. Elle est capable de soutenir dans la durée le bataillon.

Organisation générale:

Pour pouvoir combattre, le bataillon doit pouvoir disposer de 3 jours de combat en stock à son niveau. Ce stock comprend les ressources (carburant, vivres, munitions, équipement d’habillement, pièces détachées pour les véhicules, produit de santé etc..), les moyens de transport et de distribution (camions, TC20, transmanut etc.). De plus il comprends également les équipements spécialisés (camion ateliers, moyens de levage, antenne médicale, cuisine de campagne etc.). Ces ressources et ces équipements sont détenus par le train de combat. Il se charge d’entretenir les flux pour garantir en permanence ce niveau. La logistique est organisée autour de 3 grandes fonctions. Elles sont le ravitaillement (RAV), le maintien en condition des matériels et la réparation (MEC) et le soutien sanitaire (SAN).

Le train de combat du bataillon est organisé en trois niveaux ou échelons :

Le train de niveau 1 (TC1) : soutien intégré dans les compagnies.

Cet élément est détenu par chaque compagnie (3 à 5) au niveau du bataillon. Il se place directement sur les arrières de la compagnie dans la frange des 0 à 5 km des contacts. Composé d’une dizaine de véhicules, cet élément est très mobile car soumis directement aux feux de l’adversaire. Il doit s’assurer que les soldats disposent en permanence sur eux d’un jour de combat (vivres, munitions et carburant ou carburant pour les véhicules). Il dispose à son niveau un stock d’un jour supplémentaire.

Organisé autour des trois grandes fonctions, il dispose d’un poste médical avec un médecin un infirmier et les produits de première nécessité permettant de stabiliser un blessé. Il comprend également un camion dédié aux ravitaillements, vivres, munitions et carburant, et d’une équipe de mécaniciens mobiles en capacité d’effectuer les diagnostiques et de réaliser les petites réparations (le tout en moins d’une heure d’intervention).

Le train de niveau 2 (TC2) : entrepôt mobile du bataillon.

C’est le cœur du système. Il dispose en permanence d’un stock d’un jour de combat pour l’ensemble du bataillon. Comportant entre 100 et 300 hommes en fonction du type d’opération et du niveau de soutien décidé, il se positionne entre 5 et 15 km de la ligne des contacts. C’est cette entité qui confère au bataillon sa capacité à durer dans les opérations.

Il doit pouvoir se déplacer en 4 heures et basculer par demi-élément afin de garder une permanence du soutien.

Son nombre de véhicules varie entre 15 et 50 unités et il se déploie en îlots fonctionnels sur une surface de 2 à 5 km2. Il est organisé de telle façon que les TC1 puissent rentrer dans son dispositif et venir se ravitailler en effectuant une boucle permettant la circulation d’un grand nombre de véhicules.

Il dispose de 4 à 5 îlots fonctionnels :

– L’îlot de commandement :

Cet îlot est la tour de contrôle du dispositif. Il cadence le travail, trouve les zones de déploiement, s’assure de la sûreté du dispositif. Il coordonne la circulation dans les îlots et le périmètre. De plus, il suit la situation tactique et logistique du bataillon. Il est en liaison avec le directeur logistique dont il reçoit les ordres de mouvements et l’effort du soutien. Le chef de l’entrepôt avec son équipe de commandement s’assure des flux pour disposer en permanence du niveau de stock demandé et ordonne les recomplètements. Il gère ses ressources humaines de manière à permettre un soutien permanent.

  • L’îlot de ravitaillement :

Dans l’îlot ravitaillement on retrouve la flotte de camions logistiques (camions plateaux et porteurs de TC20 ainsi que camions-citernes de carburant) et le stock. Il est majoritairement gardé sur roues. Sauf pendant les périodes de distribution et pour les munitions d’artilleries qui nécessitent des manipulations techniques.

Le chef de l’îlot de ravitaillement doit prévoir la consommation. Puis il envoie des convois logistiques sur les arrières (entre 60 et 80 km) pour entretenir les flux. Par ailleurs, son îlot est aussi une zone de distribution de la ressource. Il doit donc être organisé pour pouvoir recueillir les convois arrivants du TC1 et leur délivrer la ressource.

À cet effet, l’îlot détient aussi le logiciel de suivi de flux avec une valise légère reliée aux transmissions pour suivre les flux.

  • L’îlot de maintenance :

L’îlot de maintenance comprend les ateliers mobiles du bataillon. Il est composé de véhicules lourds d’évacuation et d’une zone de réparation des véhicules (roues et chenilles), d’une zone de réparation des armements, d’une zone de réparation du multi-technique (optique, transmission etc.) d’une zone RDC (Réception Diagnostique et Contrôle) et d’une zone PRMAR (Point de Regroupement des Matériels À Réparer), en attente des PEB pour évacuer les matériels trop endommagés sur l’arrière. Il est communément admis que toute intervention technique supérieure à 4 heures ne se fera pas sur cette emprise et que le véhicule sera débordé sur l’arrière.

Cet îlot dispose des logiciels métiers permettant de commander les pièces de rechange et de suivre les heures de travail des équipes de réparation pour affecter les interventions techniques.

  • L’îlot sanitaire :

L’îlot sanitaire est composé d’un poste de secours avec un médecin, un infirmier et des auxiliaires sanitaires. Il peut être renforcé par des escouades de véhicules d’évacuations sanitaires. Il doit disposer d’une piste de posé des hélicoptères sanitaires.

Son rôle est d’assurer le soutien sanitaire du personnel du TC2 mais aussi de trier le ou les blessés arrivant de l’avant pour prioriser leurs évacuations et les stabiliser.

  • L’îlot de soutien spécialisé :

Cet îlot est modulaire et s’adapte en fonction des missions. On peut y retrouver un plot de soutien hélicoptère avancé (FARP), un détachement du commissariat pour faire la cuisine de compagnie et distribuer les ressources habillement notamment.

Le train de niveau 3 (TC3) : Le soutien administratif

Ce train regroupe tous les services administratifs du bataillon ainsi qu’un petit échelon de liaison logistique. Il se trouve au niveau du soutien arrière situé entre 60 et 80 km du bataillon.

Il dispose ainsi de stabilité pour pouvoir gérer les actes administratifs et suivre la ressource humaine déployée à l’avant.

Principe de déploiement du train de combat:

Pour se déployer, cet échelon de soutien privilégiera les zones industrielles en périphérie des villes. Elles comprennent de grands parkings et des hangars pouvant mettre à l’abri des intempéries les ressources et le personnel. Néanmoins, il est capable de se déployer partout. Cela y compris dans le désert et de s’auto-soutenir, en production ou ravitaillement d’eau et d’énergie électrique.

Il doit être défendu par des éléments de défense avec un périmètre sécurisé et un dispositif adapté. Cela permet de se prémunir des menaces qu’il peut rencontrer (artillerie, aviation, sabotage etc.).

Et la bascule du train de combat dans tout cela :

Cet échelon de soutien est mobile par nature et suit la manœuvre du bataillon. Il doit disposer d’une stabilité minimum de 4 heures pour se déployer, autrement il reste sur roue.

La bascule est faite en demi-élément comprenant la moitié de chaque îlot ce qui permet d’assurer un soutien continu.

Le chef de cet élément peut aussi décider de projeter vers l’avant une partie de son entrepôt. Dans le but de soutenir une manœuvre particulière ou effectuer un relai du fait de l’élongation. Le seul élément non sécable est le poste de secours car la ressource en médecin est unique.

En conclusion :

Échelon permettant de soutenir le bataillon, le train de combat est un entrepôt mobile, par nature modulable, agile et résilient. Ses cadres et militaires du rang sont des techniciens de leur spécialité. Mais aussi des combattants permettant de s’adapter à un milieu non permissif. 

Aux ordres du Directeur logistique et maintenance du bataillon, c’est la cheville ouvrière grâce à laquelle le bataillon est en pleine capacité de combat.