Au fil des années, la supply chain a gagné en efficacité comme jamais auparavant permettant aux entreprises d’améliorer singulièrement leurs performances. Cette évolution est en partie liée à l’usage de nouvelles technologies de plus en plus robustes et matures. Nous avons encore malgré tout une grosse marge de progression encore devant nous. En effet, la combinaison de technologies (mécanisation des entrepôts, blockchain, intelligence artificielle, big data etc.) devrait nous permettre de continuer à améliorer l’ensemble des chaînes de valeur des entreprises.

Derrière la transformation de nos outils et de nos métiers se pose la question stratégique de la formation et de la qualification du personnel. C’est un des défis majeurs que doit relever la supply chain dans les années à venir.

En 2030, 85% des emplois nouveaux

Déjà en 2017, dans un article du figaro citant un rapport de DELL, il était estimé 85% des emplois de 2030 seraient nouveaux. La supply chain fait partie des domaines particulièrement concernés par cette transformation. Celle-ci, si on prend un prisme économique, s’accompagne inévitablement d’une destruction d’emploi. Certaines tâches n’ayant plus besoin d’être effectuées par un employé. Ce n’est pas la première fois que cela arrive et on a tous en tête des emplois qui existaient dans le passé et qui n’existent plus ou quasiment plus aujourd’hui. En revanche, ce qui est nouveau c’est l’échelle de temps sur laquelle ces transformations s’opèrent ainsi que le volume de postes concernés.

Au niveau de la supply chain, les plus grosses destructions d’emploi toucheront en premier lieu la main d’œuvre peu spécialisée qui effectue des tâches répétitives. Elle sera remplacée par des outils de mécanisation ou de robotisation. Cette transformation nécessitera de développer et de créer des postes dans les domaines de la maintenance, de la programmation ou encore dans la supervision de ces outils. De même si les outils de l’IA permettent de réduire le nombre d’analyste, il faudra garder une capacité de valider les orientations proposées par la machine.

Une inévitable montée en qualification des emplois de la supply chain

On observe donc une montée en qualification et en spécialisation des besoins en main d’œuvre. Actuellement dans certaines régions des pénuries sont déjà constatées sur ces typologies d’emplois. Alors que d’un autre côté, un chômage massif de personnes à faible niveau de qualification s’accélère. Nous sommes, mon sens, face à un enjeu sociétal majeur. Comment réussir à faire monter en compétences tout une partie des personnes à bas niveau de compétences (enjeux à moyen long terme) et, pourvoir rapidement les besoins sur les postes déjà en circulation ?

L’enseignement et les entreprises doivent gagner en agilité

En France, notre système d’enseignement est assez rigide et ne permet pas ces changements agiles de mise en adéquation de la formation avec le besoin du marché du travail. Du moins, pas sur des transformations à des horizons si courts termes. Cette transformation devra donc être co-conduite par les entreprises, les collectivités et le gouvernement afin d’anticiper dès maintenant les besoins de demain. La formation professionnelle est un outil majeur pour permettre ce changement. Mais elle doit s’accompagner d’une vision stratégique claire à l’horizon des 10 ou 15 prochaines années.

Seule une transformation profonde au sein de la filière supply chain permettra aux entreprises de développer les compétences et l’agilité nécessaire pour répondre aux futurs enjeux des vingt prochaines années et ainsi espérer disposer des bons talents.